Copilote de Rallye, le jeune Jean Todt qui allait devenir directeur de Peugeot Talbot Sport en 1981, puis directeur de la Scuderia en 1993 avant d’être nommé administrateur de Ferrari et Président de la FIA durant douze ans, garde un souvenir ému de son passage sur les sur les bancs de l’école Winfield alors qu’il caressait l’espoir d’une carrière derrière le volant.
Passionné de sport auto, fan de Jim Clark et Dan Gurney, le jeune Todt s’échappe aussi souvent qu’il le peut de l’École des Cadres où il étudie pour œuvrer en tant que copilote de rallye, notamment de Guy Chasseuil. Il s’essaie aussi au pilotage aux commandes de la Mini Cooper de son père, médecin à Pierrefort dans le Cantal.
En 1967, avec son ami François Mazet, briguant lui aussi une carrière de pilote, il s’inscrit à l’école de pilotage Winfield de Magny-cours. « C’était l’année 1967, j’étais déjà coéquipier en rallye mais mon but était de devenir pilote, se souvient celui qui allait devenir l’un des plus grands managers que le monde automobile n’a jamais connus. Coéquipier, c’est le moyen que j’avais trouvé pour me rapprocher de ce rêve que je comptais bien réaliser. Je me suis donc inscrit au Volant Shell et j’ai fait mon chemin jusqu’aux phases finales où j’ai malheureusement effectué un tête-à-queue. Je me suis arrêté-là car le tête-à-queue ou la sortie de piste était éliminatoire. Ma déception était grande. Un coussin en plastique avait été positionné dans mon dos pour me rapprocher du volant et me permettre de toucher les pédales. Autant dire que la position de conduite n’était pas idéale. Quoiqu’il en soit, mon parcours c’est arrêté-là et c’est mon ami Mazet qui, cette année-là, a été désigné « Volant Shell » pour la saison 1968. Il était très adroit avec un volant mais avait la fâcheuse tendance à être à la ville comme à la piste, et ça ne passait pas toujours. C’était une autre époque et, pour nous, celui d’une certaine insouciance. »
Même décidé à conquérir désormais le monde du copilotage dont il allait bientôt devenir l’un des maîtres, il ne manquait jamais une occasion de suivre le nouveau Volant Shell. « Avec le photographe Manou Zurini, nous nous sommes plus d’une fois serrés dans son break Citroën DS pour l’accompagner sur les circuits ! François ne jurait que par la piste. Je me souviens du Monte Carlo 1970, disputé avec Jean-François Piot, un ami commun, sur une Ford Escort. François était venu nous supporter, ne cessant de nous dire que c’était formidable ce que nous faisions, mais que jamais il ne s’y risquerait.
Pourtant, quelques mois plus tard, je lui apprenais les bases du métier de copilote puisqu’il allait partager le volant d’une Capri avec Rauno Aaltonen au Tour Auto. Tous les deux, nous avons aussi embarqué dans le même habitacle, au Rallye Infernal 1970, et au Tour Auto 1971 avec une Ford GT 70. Ça marchait bien, mais il a commis une faute dans une spéciale. Puis, j’ai été de plus en plus absorbé par mes activités de copilote, sans jamais oublier l’école Winfield qui m’a valu de passer de bons moments ! »
