Vice-champion FIA F2 2024, le pilote franco-algérien qui a œuvré en qualité de troisième pilote Red Bull et Racing Bulls en fin de saison va rejoindre les rangs de la Formule 1 en 2025. Après une progression studieuse, le vainqueur du Trophée Winfied 2019 est prêt à assumer son destin.
Étonnant pedigree que celui du jeune Isack Hadjar, né à Paris dans une famille de scientifiques. Pas de papa milliardaire ou d’ancienne gloire du Circus dans l’arbre généalogique du pilote franco-algérien, juste une lignée de chercheurs. Un père détenteur d’un doctorat en physique quantique, une mère elle-aussi issue de la même filière mais ayant bifurquée vers les ressources humaines, le garçonnet était tout destiné aux grandes études, sauf qu’à l’excellence académique, il a préféré celle de la piste. Un choix qui s’explique toutefois par la passion des sports mécaniques qu’entretient son père, pilote amateur à ses heures. À dix ans, le voilà installé dans un kart. Il dispute plusieurs championnats de France et d’Europe où il s’illustre en catégorie « Junior » en 2018. Pour lui, le moment est venu de passer à la monoplace.
« Je cherchais à faire la transition entre le karting et la monoplace, et j’ai entendu parler du Volant Winfield qui avait repris en 2018, explique-t-il. Je n’avais que 14 ans et absolument aucune idée de ce que le nom représentait. Comme j’étais trop jeune, je ne pouvais pas concourir pour le « Volant » mais pour le « Trophée » réservé au moins de 16 ans. Moi, honnêtement, je n’étais pas là pour ça. La seule chose qui m’intéressait, c’était de découvrir le pilotage d’une monoplace et de gagner en expérience en vue du championnat de France F4 que j’allais disputer. Et puis, je me suis retrouvé en position de le gagner ; ce que j’ai réussi un peu à la surprise générale. En tout cas, c’en fut une pour moi. C’était assez inattendu puisque je n’avais alors que deux jours de F4 à mon actif. Ce n’est qu’après avoir remporté le « Trophée » que je me suis intéressé à ce qu’était l’école Winfield, et j’ai bien failli être pris de vertige quand j’ai eu connaissance du nom des anciens lauréats. J’étais loin d’imaginer une telle richesse et notoriété, et ça m’a conforté dans mon impression que je venais de réussir quelque chose d’important pour la suite. Quelque chose qui allait m’accompagner. Ça a aussi fini de me convaincre que rejoindre un jour les grilles de départ F1 était faisable à condition de travailler et d’être déterminé. Ce n’était pas de la prétention, plutôt un sentiment profond. Je savais que ce n’était que la toute première marche, mais j’étais content de l’avoir gravie. Ça voulait dire que ça valait le coup de continuer. Le Trophée, ce fut le « highlight » de ma saison. »
Isack Hadjar pendant le Volant Winfield 2019 au Circuit Paul Ricard
Travail et détermination, deux noms qui expliquent à eux seuls qui est Isack Hadjar. Il y a des pilotes dont vous pouvez sentir qu’ils peuvent déplacer des montagnes et cela, tout le monde l’a ressenti chez Winfield en cette année 2019 où il a laissé un souvenir impérissable. Un moment dont il garde lui-aussi un souvenir ému. « L’ambiance était juste géniale, ne peut-il s’empêcher de sourire quand on lui parle de l’expérience vécue sur le circuit du Castellet. Le groupe, le partage de la voiture avec les autres pilotes, les tests physiques… J’ai tout adoré. À cette époque, je comptais mes tours en F4, et chacun d’entre eux était synonyme de grosse progression. »
Le concernant, la transition entre kart et monoplace s’est étonnement bien passée, son acclimatation ayant été quasi immédiate. « Le passage ne m’avait pas semblé si fou, s’amuse-t-il. La monoplace était plus grosse, plus imposante, mais le principe était le même qu’en karting. Je n’ai pas mis beaucoup de temps à m’adapter à la monoplace. Je me suis tout de suite senti à l’aise, aussi grâce aux conditions dans lesquels nous étions invités à évoluer. Si le courant est passé tout de suite, c’est grâce à Winfield. Cette entrée en matière optimum m’a permis de partir d’un bon pied. »
Dernier espoir français en date à rejoindre le monde des Grands Prix, Isack Hadjar qui court sous licence française va aussi être le premier pilote Algérien à s’aligner en Grands Prix. Une particularité de plus sur un pedigree qui n’en manque pas.
Crédits photos : Thomas Fenêtre