Fou de moto, Damon Hill débarque à Magny-Cours en 1983 sans autre ambition que de s’amuser. Il ne le sait pas encore, mais sa vie est sur le point de basculer.
Non ! Quand sa mère Bette lui annonce un jour que Mike Knight aimerait l’accueillir à Magny-Cours, Damon lui fait bien comprendre qu’il ne faut pas compter sur lui. « Je n’étais absolument pas intéressé par les voitures de course, note celui qui n’est alors que le fils du regretté double champion du monde et seul pilote à avoir remporté la Triple Couronne Graham Hill. Ma vie, c’était les motos. Je ne connaissais presque rien au sport automobile, à part quelques notions sur la Formule 1. Un jour, ma mère est venue me dire qu’il existait une école en France, et qu’un certain Mike était prêt à me faire découvrir la monoplace si cela m’intéressait. Mais ça ne m’intéressait pas. Je lui ai répondu que je finançais déjà ma moto et que je n’avais pas d’argent à dépenser en plus. Elle m’a alors dit qu’il prenait tout à sa charge. Du coup, j’ai dit pourquoi pas ! Honnêtement, je n’ai jamais trop su qui a contacté l’autre en premier : ma mère qui souhaitait me voir stopper la moto ou Mike qui cherchait à donner une dimension plus internationale à son école … »
Quelques temps plus tard, Damon se retrouve dans un avion en compagnie d’autres élèves et un journaliste du magazine Cars & Car Conversion. « Tout le monde parlait du Docteur Jonathan Palmer qui gagnait en Formule 2 mais je n’avais pas la moindre idée de qui cela pouvait bien être, s’amuse aujourd’hui encore le britannique. Je suis arrivé à Magny-Cours avec l’état d’esprit du type qui vient s’amuser. Rien de plus. Je n’avais aucune ambition. J’ai passé la soirée avec le journaliste à essayer de trouver une bière. Nous étions dans un petit bar, au cœur d’un village éloigné en France, où le patron ne servait la bière que dans de petits verres, alors que nous demandions une pinte. C’était épique !
Le lendemain, Damon n’est pas plus impressionné par l’école que par l’estaminet. « Ils nous ont appris à passer les vitesses, à freiner, à slalomer entre les cônes, ce genre de choses qui m’a vite ennuyé. Et puis, finalement, nous sommes arrivés au point où l’on pouvait faire des tours. Là, tout a changé. C’était ces mêmes tours sur lesquels nous étions jugés. »
Si le futur champion du monde de Formule 1 rentre au Royaume Uni ravit de son expérience, ce n’est pas non plus la révélation. « J’avais passé du bon temps, mais je n’étais pas tombé amoureux du sport auto. Autant dire que je n’ai pas été peu surpris de me retrouver qualifié pour la phase finale. Pour moi, c’était plus un coup de pub pour l’école. »
Qu’importe, il s’y rend mais avec de tout autre ambition cette fois. « S’ils voulaient que je revienne, ils allaient voir. Cette fois, comme j’étais d’une nature compétitive, je voulais gagner. Je suis arrivé avec une autre détermination, mais j’en ai trop fait. J’ai trop poussé. Perdre m’a contrarié, mais ça a commencé à me démanger. Je me suis demandé si, finalement, je ne devrais pas tenter ma chance. Cet échec a sans doute été la meilleure chose qui pouvait m’arriver. »
Le passage de la moto à l’auto est alors facilité par John Webb, patron de Brand Hatch, qui lui propose son aide mais, là encore, c’est l’aspect publicitaire qui prime. « J’étais naïf, et je dévorais le magazine Autosport pour tenter de comprendre ce monde qui m’était totalement étranger en dépit de ma filiation. Quand j’ai commencé à courir, j’étais au niveau zéro. »
L’histoire était malgré tout en marche. « Winfield, conclut-il, m’a donné le goût de l’auto ! »
Crédits photos : Bernard Asset