On connaît le manager, incarnation à lui seul de Red Bull Racing. On connaît moins le pilote qui suivit l’enseignement de l’école Winfield à Magny-Cours avant de tracer sa route jusqu’à la F3000.

Il est l’un des plus emblématiques managers que la Formule Un n’ait jamais portés ! Cent-dix-neufs victoires, six titres de champion du monde des constructeurs et sept titres pilotes avec Sebastian Vettel et Max Verstappen, le succès de Red Bull Racing ne s’est jamais démenti depuis ce jour de 2005 où Christian Horner a poussé la porte de l’usine Jaguar de Milton Keynes que venait de racheter le magna des boissons énergisantes, Dietrich Mateschitz.

Un jour qui allait changer la face de la F1 et la vie de celui qui, plus jeune, se rêvait pilote de Grands Prix.

 

LE DÉBUT D’UNE GRANDE CARRIÈRE 

« C’était au début des années 80, je devais avoir dans les 9 ou 10 ans, confie-t-il. J’avais ce désir de devenir un pilote de course. Mon père travaillait dans l’industrie automobile (fournisseur des composants pour les fabricants de moteurs. Ndlr) mais n’avait pas un intérêt particulier pour le sport auto et encore moins de relations dans le business. J’ai commencé par le karting, puis j’ai gagné cette bourse que Renault UK proposait aux espoirs du karting du Royaume pour suivre les cours de l’École Winfield à Magny-Cours. C’était en 1991. J’avais 18 ans, et j’étais en train de faire la transition entre le karting et la monoplace. Suivre les cours de la Winfield, c’était la garantie d’obtenir la qualification requise sur ma licence, le grade nécessaire pour débuter en Formule Renault. Je repense toujours à cette période avec bonheur. C’était les jours heureux. La concurrence était féroce sur les pistes de Kart où il m’est arrivé de croiser la mère de Max Verstappen (Sophie Kumpen) plus d’une fois (rires). »

De Magny-Cours, il garde aussi un souvenir ému. « C’était la toute première fois que je me glissais dans une monoplace, raconte-t-il avec les mêmes yeux pétillants qu’à l’époque. Je m’en souviens d’autant plus qu’il y avait une photo collée près du volant dans le cockpit. En fait, le gars qui avait utilisé la voiture avant moi avait placé là une photo de toute sa famille et avait oublié de l’enlever. C’était assez étrange mais, en même temps, ça montrait combien le moment était important. Je repense souvent à cette photo ! »

Mike Knight se souvient bien de ce jeune respectueux, attentif qui montrait des dispositions intéressantes. « Il a été à l’aise assez rapidement en dépit du fait que c’était un univers totalement nouveau pour lui », se souvient de cadet de la fratrie Knight.

 

Christian Horner pendant son temps chez Winfield Racing School

 

SA CARRIÈRE DE PILOTE

Cursus complété, désigné apte, il participait au championnat britannique de Formule Renault en 1992 avec Manor Motorsport, terminant la saison avec une victoire et le titre de meilleur rookie. « Ça m’a permis depasser en F3 avec le parrainage de Team Lotus, poursuit-il. On ne parlait pas encore d’Académie à cette période mais le principe était le même. J’ai même testé la Lotus 107B quand Johnny Herbert et Alessandro Zanardi étaient les pilotes titulaires. C’était en 1993 dans le Norfolk, sur la piste d’essais Lotus à Hethel. Entre 1993 et 1995, j’ai essayé de tracer mon chemin vers la Formule Un… »

Deuxième du championnat B de F3 anglaise en 1993 avec P1 Motorsport, il rejoint les équipes Fortec et Alan Docking Racing (ADR) en 1994 et 1995, puis l’équipe TOM’S en 1996.

 

DE PILOTE À MANAGER

« C’est à la fin de cette saison que j’ai créé le team de F3000 Arden avec mon père (Garry Horner) car j’ai pensé que c’était le moyen le moins coûteux d’atteindre mon but, explique-t-il. En 1998, Kurt Mollekens a rejoint la structure, parvenant à mener le championnat à un moment de la saison, et j’ai fini par comprendre que si j’avais un petit talent pour le pilotage, je ne faisais pas parti du cercle fermé des « top drivers ». J’aimais le sport, j’avais créé Arden et je me suis dit que ma voie était là. J’ai décidé d’abandonner le pilotage à la fin de la saison afin de me concentrer sur le développement de l’équipe. Je me suis attaché dès lors à la diriger du point de vue du pilote. J’ai géré l’écurie de la manière que j’aurais voulu qu’elle le soit si j’en avais été le pilote. » Le timing était bon. Deux ans plus tard, à la fin de la saison 2004, Dietrich Mateschitz se portait donc acquéreur de Jaguar Racing et se tournait vers le jeune manager pour porter sur les fonts baptismaux l’écurie Red Bull Racing. L’histoire était en marche !

 

Christian Horner en tant que pilote Arden